3 questions à Manuel Bouvier : « Mon terroir, c’est la Seine sur ses 776 km »
Originaire du plateau de Langres, où la Seine prend sa source, Manuel Bouvier est venu faire ses études et s’installer au Havre, où le fleuve se jette dans la mer. La distillerie de la Seine est née de cette histoire et surtout de sa passion pour la mise au point de beaux spiritueux.
Comment est née votre idée de faire du whisky ?
« Je suis né dans une famille d’agriculteurs et j’ai toujours vu mon grand-père et mon père faire des eaux-de-vie. C’était une production familiale faite dans l’alambic municipal et j’ai beaucoup appris à leurs côtés. Faire un alcool, c’est s’inscrire dans un terroir et mettre en valeur ce que l’on y trouve. Mon terroir, c’est la Seine sur ses 776 km. En juillet 2021, j’ai sorti mes premiers alcools, une vodka et surtout un pastis. On ne s’y attend pas dans notre région, et pourtant, on a tout ce qu’il faut. Et cette année, j’ai lancé mon pur malt. Le whisky est le spiritueux le plus vendu en France et il entretient un lien très fort avec la terre, à commencer par la matière première, l’orge, qui vient de nos champs. »
Quelle est la particularité de votre pur malt ?
« Notre alcool raconte la Seine comme tout ce que nous produisons dans la distillerie. L’orge est cultivé et brassé en Normandie et l’eau, qui joue un rôle essentiel, vient de chez mes parents, sur le plateau de Langres. Ça peut paraître étonnant de faire venir de l’eau de si loin mais si je prends de l’eau au Havre, je suis obligé de la traiter pour enlever entre autres le chlore et le procédé en fait gaspiller énormément. Un des points importants de notre spécificité, ce sont nos fûts. Nous avons fait faire des fûts avec des arbres de la forêt de Saint-Germain-en-Laye, là aussi sur les bords de la Seine. Ces bois n’ont jamais été utilisés pour faire vieillir du malt, nous sommes les premiers. Ce sont des arbres qui poussent lentement, le grain du bois est très petit et il donne un goût unique avec des notes très particulières. »
Et comment voyez-vous la suite ?
« Dès le début, la production du pur malt n’était pas un fin en soi. Nous allons en sortir d’autres versions, explorer d’autres vieillissements, et fin 2024, nous pourrons enfin présenter notre premier whisky quand notre malt aura vieilli trois ans. Dans les fûts, le pur malt va peu à peu perdre les parfums de céréales que l’on sent encore très bien pour prendre en rondeur avec le bois. On aimerait parfois que ça aille plus vite, mais il faut savoir être patient et laisser le temps faire son office. Le whisky est un alcool qui vit tout le temps. »
lien vers l’article