Au Havre, un ingénieur crée le pastis du nord

Par Frédéric Durand  Le 8 septembre 2021 à 12h36

Manuel Bouvier, fondateur de la Distillerie de la Seine, commercialise désormais des spiritueux à base de plantes qui poussent autour du fleuve, dont un pastis.

Photo de Manuel Bouvier et d'Anthony Claes avec leur alambic

La Seine émerge sur le plateau de Langres. Sur 774,76 kilomètres, le fleuve traverse quatre régions où il diffuse la vie, développe une économie et affirme des identités. Il est aussi source d’inspiration pour Manuel Bouvier le fondateur de la Distillerie de la Seine au Havre. Ex-ingénieur-logistique, originaire de Côte-d’Or, il a décidé fin 2019 de revenir aux racines de la ferme familiale où paissent des bovins et mûrissent les fruits des vergers et des vignes.

L’entrepreneur a souhaité surtout retrouver les gestes ancestraux qu’il a appris avec ses aïeux dans l’alambic communal. Que veux-tu faire quand tu seras grand ? « Je serais bouilleur de cru ! ». Après une formation complémentaire au Centre International des Spiritueux (CIDS) à Cognac, en juin dernier, Manuel Bouvier a rempli sa première bouteille. Et ce fut du pastis.

Jeune adulte, il s’éloigne un temps de la distillation mais pas du fleuve ! Effectivement puisqu’il s’installe au Havre, à proximité de l’embouchure de la seine, pour faire des études de logistique, cinq ans plus tard, son travail l’amène à s’installer à Troyes, toujours le long de la seine !

Il retourne finalement au Havre pour travailler dans l’industrie du café, il tombe alors définitivement amoureux de cette ville et en 2019, il décide finalement d’y installer sa distillerie et devient ainsi la quatrième génération de distillateur chez les Bouviers.

Muni d’un alambic Müller de 250 litres doté d’une colonne à trois plateaux débrayables, Manuel produit un Gin, une vodka, du pastis et bien sûr, du whisky ! 

C’est autour de son alambic germanique à colonne – « 100 % électrique que j’espère pouvoir alimenter rapidement par des panneaux solaires » – que le distillateur a peaufiné sa recette : « Elle correspond à tous les codes du spiritueux anisé, mais c’est un pastis de la Seine. Parmi sa trentaine d’ingrédients, la majorité pousse dans la vallée de la Seine comme l’angélique, les iris ou le sureau. Alors, je propose un pastis qui au nez sent bon les plantes. Qui a un goût moins prononcé. Il est floral avant le côté alcoolisé. La preuve, avec modération, il peut se consommer simplement avec un glaçon ».

Après six mois de tests, la mise en vente a débuté le 7 juillet dans des bars, chez des cavistes, des épiceries fines et des restaurants. Au prix de 29 euros la bouteille, la Distillerie de la Seine revendique le haut de gamme « pour une dégustation festive. Il plait beaucoup aux femmes. Notre slogan est buvons moins, mais buvons mieux. Nous travaillons aussi beaucoup pour l’intégration dans des cocktails et dans la cuisine auprès de chefs » complète Manuel Bouvier.

Toute une gamme de spiritueux

D’autres spiritueux sont déjà en préparation à la distillerie. Une vodka sur la base de raisin bio est en bouteille avec « là encore une histoire. Elle est triplement distillée ce qui lui amène de la rondeur, des épices et du gras. Mais pour lui donner son goût caractéristique, elle est réalisée avec de l’eau que je fais venir spécialement du plateau de Langres. De la source de la Seine. De la ferme familiale ».Your content goes here. Edit or remove this text i.nline or in the module Content settings. You can also style every aspect of this content in the module Design settings and even apply custom CSS to this text in the module Advanced settings

Une identité affirmée dans le gin qui sortira en septembre avec aussi des épices de méandres du fleuve ou encore dans le whisky qui vieillit actuellement dans des tonneaux confectionnés avec du bois de la forêt de Saint-Germain-en-Laye : « A la distillerie, on quadrille la Seine. Je suis un enfant de la Seine et j’assume mes origines familiales proches de ce fleuve. Ensuite, Le Havre m’ouvre les portes du monde ! ».